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la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

Le public

Le compositeur doit-il se préoccuper du public lorsqu'il écrit ? Personnellement, je ne pense pas du tout à l'auditeur, seulement à ce que je dois faire, ce qui ne veut pas dire que je méprise le public. Lutoslawski parlait de l'auditeur imaginaire qu'il idéalisait. Mais cet auditeur imaginaire, n'était-ce pas lui-même ?

Dutilleux (2018). Au cœur de la création musicale , La Bibliothèque des Arts

La musique médiévale

Petit précis d’histoire de la musique médiévale en France

Voici un article présentant une période très longue et mal connue de l’histoire de la musique en France : La musique au Moyen Âge.

Du Moyen Âge à la Renaissance

Les genres médiévaux ne peuvent être compris dans leur réalité historique si l’on néglige une double donnée essentielle : le poids considérable de l’Église dans la construction millénaire de la civilisation européenne et la nécessité pour cette même Église de propager le message évangélique en sollicitant tous les canaux de diffusion, dont la musique.

Le pape Grégoire le Grand (590-604) ordonnera, dès la fin du VIe siècle, le recueil méthodique des chants rituels (antiphonaire), “grégoriens”. Il crée également une école appelée Schola Cantorum, destinée à former les chantres et à propager dans toute l’Europe cette nouvelle forme musicale, le plain-chant (Cantus planus).

Après l’an mille, la notation se fera plus précise, permettant l’exécution actuelle des œuvres de Pérotin, Machaut, etc. Quant à la musique de la Renaissance, le seuil s’en situe entre la fin du XVe et le début du XVIe, période éclairée par le génie de Josquin des Prés et marquée par l’essor de la Réforme. La réaction de l’Église catholique au concile de Trente (1545-1563) lui ouvrira ensuite, notamment chez Monteverdi, des horizons inédits que l’histoire placera bientôt sous le signe du Baroque.

De la chute de l’Empire romain au IXe siècle

La bataille de Soissons (486) qui consacre traditionnellement la fin de la puissance romaine en Gaule, ouvre l’Europe aux barbares venus de l’est. Dans l’effondrement de l’autorité, le peuple se tourne vers l’Église qui lui apporte la stabilité et l’espérance. En moins de trois siècles, l’anonyme chant religieux – ornement du culte et expression de l’âme des fidèles – fut codifié sous l’impulsion du pape Grégoire le Grand.
Héritière de l’antiquité païenne et de la Synagogue, la liturgie chrétienne représente durant plusieurs siècles l’unique forme d’art musical. De son ascendance orientale, elle conserve l’aspect d’une improvisation aux mélismes caractéristiques. Monodique, d’un ambitus restreint, affranchie de la mesure, et d’une liberté de rythme totale, elle fait souvent alterner soliste et chœur à l’unisson. Elle modifie certains modes grecs qui deviennent les modes ecclésiastiques (Quatre modes principaux dits authentes et quatre modes accessoires ou plagaux).

De cette longue période, nous ne possédons malheureusement que des éléments iconographiques et littéraires peu nombreux. 

Le IXe siècle

Au IXe siècle, apparaissent les neumes, signes de la notation musicale qui furent en usage  durant tout le Moyen Âge, jusqu’à la généralisation de la portée moderne à cinq lignes. Pour constituer le recueil des chants liturgiques, les moines entreprennent de noter les mélodies du plain-chant, en fixant d’abord les hauteurs des notes sur une portée variant de une à quatre lignes au cours du temps. 

La musique profane restera encore longtemps, pour sa part, dépendante de la transmission orale. 

Dans les monastères, les moines chantent des chants grégoriens, il s’agit de la mise en musique des textes latins de la messe. Ils sont chantés a cappella et à l’unisson. Il n’y a qu’une seule mélodie : c’est une monodie ! Progressivement, apparaîtra un bourdon, c’est-à-dire une note grave et continue. Ce principe était déjà utilisé dans la musique pour vielle à roue ou cornemuse ; c’est un moyen simple d’enrichir le chant en ajoutant une deuxième voix.

Après l’an mil

Après l’an mille, la notation du chant grégorien évoluera, indiquant de plus en plus précisément la hauteur et le rythme des mélodies, c’est-à-dire les durées relatives de leurs différentes notes.

À côté de l’art grégorien, un art profane très ancien brilla sans doute dès le haut Moyen Âge, mais peu de textes ont été retrouvés, les copistes – généralement des moines – donnant tous leurs soins aux chants de l’Église. La poésie lyrique s’est donc transmise surtout oralement grâce aux troubadours puis aux trouvères, leurs confrères du nord de la France.

Qu’il renvoie à la racine occitane (trobar) ou française (trover), le « trouveur » reste l’inventeur d’un morceau qu’il n’exécute qu’occasionnellement, à l’inverse du jongleur (ou ménestrel), chanteur-acrobate itinérant qui fait commerce de de son seul art d’exécution. Ainsi naissent les deux acteurs de la légende musicale du dernier millénaire, le compositeur et son interprète.
Les premiers troubadours – presque tous des grands seigneurs originaires du sud de la Loire – reçoivent vraisemblablement leur formation dans les abbayes bénédictines du centre et du midi, en particulier à Saint-Martial de Limoges, important foyer de culture. Leur inspiration très conventionnelle, célébrant surtout le culte de la femme, s’attache à des sujets variés : amour courtois, chansons de geste, de croisades, chansons politiques ou morales. Mais le style musical reste fortement influencé par le chant grégorien.

Exemple musical : Thibaut de Champagne le trouvère (1201-1253)

Ars antiqua

Ars antiqua, aussi appelé ars veterum ou ars vetus, est un terme utilisé par les musicologues modernes pour désigner la musique médiévale de l’Europe du haut Moyen Âge, entre 1170 et 1310 environ. Cette période comprend l’école de Notre-Dame de Paris (utilisation de lignes mélodiques multiples, simultanées et indépendantes). Le terme ars antiqua est généralement limité à la musique sacrée et/ou polyphonique, et exclut donc les chants monophoniques profanes des troubadours et des trouvères.

Le gothique primitif comprend la musique française composée à l’école Notre-Dame jusqu’en 1260 environ, et le haut gothique toute la musique jusqu’à 1310-1320, le début conventionnel de l’ars nova. Les formes d’organum et de conduit atteignirent leur apogée au début du gothique et commencèrent à décliner dans le gothique supérieur, pour être remplacées par le motet.

Presque tous les compositeurs de l’ars antiqua sont anonymes. Léonin et Pérotin sont les deux seuls compositeurs connus de l’école Notre-Dame.

En théorie musicale, l’ars antiqua a produit plusieurs avancées par rapport aux époques antérieures, notamment dans la conception et la notation du rythme. Au début de l’ère de la musique médiévale, la notation indiquait les hauteurs des chants sans indiquer le rythme dans lequel ces notes devaient être chantées. Le théoricien de la musique le plus célèbre de la première moitié du XIIIe siècle, Jean de Garlande, est l’auteur du traité De Mensurabili Musica (vers 1240), le traité qui définit le plus complètement les modes rythmiques. Un théoricien allemand d’une période un peu plus tardive, Francon de Cologne, sera le premier à décrire un système de notation (la notation mesurée) dans lequel des notes de formes différentes ont des valeurs rythmiques différentes (dans l’Ars cantus mensurabilis de 1280 environ), une innovation qui eut un impact important sur l’histoire ultérieure de la musique européenne. La plupart des musiques notées du XIIIe siècle qui subsistent utilisent les modes rythmiques définis par Jean de Garlande.

L’Organum

Dans la musique occidentale médiévale, l’organum est un genre musical à la fois vocal et sacré, destiné à mettre en valeur l’interprétation d’un passage de plain-chant pré-existant par l’adjonction d’une ou plusieurs voix. Le terme désigne également le procédé d’écriture associé à ce genre musical. Généralement considéré comme le stade le plus primitif de la polyphonie, l’organum s’est surtout généralisé aux XIe et XIIe siècles.

On distingue trois formes d’organum par ordre chronologique : 

  1. L’Organum parallèle ou diaphonie
  2. Le Déchant
  3. L’Organum fleuri

Le nombre de voix organales est variable : on parle de duplum, lorsqu’il y une seule voix organale (car il y a en tout deux voix avec le cantus firmus), de triplum, lorsqu’il y en a deux, et de quadruplum lorsqu’il y en a trois. On constate l’apparition des tierces et des sixtes comme consonances imparfaites.

Le XIIe siècle, avec l’école de Notre-Dame, marque l’apogée de l’organum, qui sera progressivement remplacé par le motet au XIIIe siècle.

Le conduit qui a cohabité avec l’organum, est une forme musicale paraliturgique basée sur des textes poétiques dans laquelle la voix principale n’est pas issue du répertoire liturgique, mais purement composée pour l’occasion.

Le motet est dérivé de l’organum fleuri, et, au XIVe et XVe siècles, peut parfois reposer sur une pluralité de textes chantés simultanément (sans toujours qu’ils aient de lien entre eux)…

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