jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

Saint-Augustin

Lorsqu'on chante, on entend le son du chant ; il n'y a pas d'abord des sons organisés qui produiraient ensuite la forme du chant

Saint-Augustin (397-401). Confessions

Improvisation

Pierre Boulez : à propos de l’improvisation

« Les instrumentistes n’ont pas à proprement parler, d’invention; sans cela ils seraient compositeurs. On a beaucoup bavardésurle mot improvisation; or, compris dans le meilleur sens, il ne remplace pas l’invention. La véritable invention implique la réflexion sur des problèmes qui ne se sont, en principe, jamais posés, ou, en tout cas, pas d’une façon déjà évidente; et la réflexion sur le fait de créer implique obstacle.
Les instrumentistes ne sont pas des surhommes, et la réponse qu’ils donnent au phénomène d’invention est en général un acte de mémoire manipulée. Ils se rappellent ce qu’ils ont déjà joué, le manipulent et le transforment. Les résultats sont une concentration sur le phénomène sonore même; mais la forme est pratiquement laissée pour compte.
Les improvisations, et surtout les improvisations de groupe où il y a résonance entre les individus, ont toujours les mêmes courbes d’invention : excitation-repos-excitation-repos. »

Pierre Boulez, Par volonté et par hasard, entretiens avec Célestin Deliège (Le Seuil, 1975, pp. 150-151)

Gérard Genette : à propos de l’improvisation en musique

On serait donc tenté de voir dans la performance d’improvisation l’état le plus pur de l’art de performance, acte spontané qui ne doit rien à l’œuvre d’autrui et qui constitue donc, mieux que toute performance d’exécution, un objet autonome digne du nom d’œuvre. Mais les choses ne sont pas si simples.
Une performance improvisée peut sans doute, dans le « meilleur » des cas, être autonome en ce sens que l’artiste n’y exécute pas un texte antérieurement produit par un autre (Liszt exécute une sonate de Beethoven), ni par lui-même (Liszt interprète sapropre sonate en si), mais qu’elle « jaillit sous ses doigts » sans emprunt ni préméditation (Liszt improvise une pure « fantaisie »). Mais tout d’abord, même définie de façon restreinte, l’autonomie d’une improvisation ne peut être absolue. En pratique, et sauf recours systématique au hasard, une improvisation, musicale ou autre, s’appuie toujours soit sur un thème préexistant, sur le mode de la variation ou de la paraphrase, soit sur un certain nombre de formules ou de clichés qui excluent toute éventualité d’une invention absolue de chaque instant, note après note, sans aucune structure d’enchaînement.
À l’exception peut-être de certaines tentatives, peu convaincantes, du free, le jazz illustre bien, depuis plus d’un demi-siècle et malgré l’évolution très rapide de son idiome au moins jusqu’en 1960, cette coopération très étroite entre l’improvisé et le composé, non pas seulement dans sa part d’arrangements concertés et mémorisés, voire écrits, surtout pour les passages d’ensemble, mais aussi dans la manière dont chaque « chorus » improvisé se conforme à ou s’inspire d’une trame fournie par la progression d’accords du thème. À cette relation en quelque sorte génétique entre harmonie reçue et mélodie produite s’ajoutent les ressources accessoires d’une phraséologie bien éprouvée, arpèges, gammes, bribes de citations au succès infaillible, qui contribuent fortement à ba(na)liser le parcours, pour l’auditoire comme pour l’interprète.

Gérard Genette, L’Œuvre de l’art, Seuil, 2010, p. 91-92

Ne pas oublier que l’improvisation est aussi une source d’enrichissement personnel perpétuel : enrichissement instrumental et technique provoqué par les fortes stimulations dues aux autres participants et auxquelles il faut trouver des réponses sans avoir le temps de réfléchir, presque instinctivement.

merci de votre attention

Cet article doit beaucoup au magnifique livre de Jacques Siron : « La partition intérieure ».

17 réponses

  1. Hello y a quelqu'un ?

    Ecouter ce qui te plait, ce que tu aimerais jouer, beaucoup longtemps et chantes le.

    Quand celà te deviens famillié prends ta guitare et joues le en le fredonant.

    Puis oublies tout ça et commences à improviser sur des play-backs divers (basse-batterie; basse-batterie-clavier ou guitare…) mais il faut chanter tes phrases. Petit à petit tu vas pouvoir communiquer à l'auditeur ton chant interieur. Il est un mélange de ta culture musicale et de ce que tu as de plus personnel de plus sensible. C'est ça improviser. Quand tu commences tu y passes toute ta vie.

    Amitié à tous

    : )

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