Façon de composer
Je ne cherche pas à relever des défis. J'ai une imagination musicale très concrète. J'entends de la musique, naïvement. Je l’écoute dans mon cerveau, dans mon oreille intérieure. Le premier pas est toujours intuitif. Après vient la phase critique. celle du filtrage. J'élimine tout ce que, subjectivement, je juge mauvais. Je corrige, réécris, modifie ce que j'avais imaginé ; il y a une sorte de feedback, d'aller-retour, si bien que le résultat final n'est pas pareil à ma conception première. Notez que ce n'est pas moi qui ai inventé cette méthode ; j'ai lu que Debussy faisait de même. Par conséquent j'écris peu, ou plutôt j'écris beaucoup avant d'arriver à une composition, des centaines de pages d'esquisses que je jette ensuite. Je suis un peu comme un scientifique qui travaille dans la recherche fondamentale, ce qui veut dire : on a des problèmes, on cherche à les résoudre, mais quand on les a résolus on en découvre cent nouveaux. Sauf que dans 1'art, il n'existe pas de problèmes, mais des réalisations.
György Ligeti
(2018). Au cœur de la création musicale
, La Bibliothèque des Arts
Une réponse
A mon avis il ne faut pas être si radical quant à l’apréhention du contrepoint libre.Il est vrai que dans les traités relatifs aux techniques d’écriture et formes de composition musicale,on recommande à l’élève devenir maitre de sa plume avant de se laisser aller à sa liberté.Laquelle liberté d’écriture vient tout seul comme conséquence de l’expérience en tant que compositeur;à ce stade donc,les principes en tout cas dans leur respect sont au service de l’inspiration et ne constituent donc plus une fin en soit comme le serait un devoir d’école.L’essenciel en musique avant tout c’est l’effet produit sur l’auditeur à l’exécution:l’art de combiner des sons d’une manière agréable à l’oreille.Ainsi la différence entre le contrepointiste rigoureux et celui libre apparaitrait beaucoup plus à l’analyse qu’à l’audition.En témoigne l’effet des impro à l’orgue des fugati.Merci.