Jack a dit...

Tirez sur le pianiste

Rien n’égale la solitude d’un pianiste de grand hôtel. Tout autour il n’y a que rumeurs de cocktail et mondanités, lui est plus seul avec sa mélodie que sur une île. Pourtant, à un moment donné, il s’arrête, et les gens l’applaudissent. On est doublement étonné : cette musique avait donc une fin, et les gens l’écoutaient? Il jouait quelque chose, et il ne jouait pas en vain? Lui-même semble stupéfait. Mais il sait bien, dans le secret de son âme, que ces applaudissements n’éclatent qu’à cause du silence de sa musique, dont ces têtes folles prennent conscience comme du sucre qui fond dans leur verre. Aussi, telle la cantatrice chauve, se hâte-t-il de relancer la mélodie.

(1987). Cool memories , Galilée

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