jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

Bill Evans & Miles Davis

En 1958, Bill Evans rejoint le quintette de Miles Davis. Voici comment dans son autobiographie, le trompettiste raconte l'accueil fait au pianiste (ravélien et introverti) : Il était d'un calme. Un jour (), je lui ai dit : Bill, maintenant que tu sais que nous sommes tous frères, que nous sommes dans le même bateau, alors ce que je veux te dire, c'est qu'il faut que tu fasses ça avec tout le monde, tu comprends. Il faut que tu baises avec tout l'orchestre. Je plaisantais, mais Bill prenait tout au sérieux, comme Trane. Il a réfléchi pendant une quinzaine de minutes, puis il est revenu me dire : Miles, j'ai pensé à ce que tu m'as dit, et je peux pas, je peux pas. J'aimerais bien faire plaisir à tout le monde, vous rendre tous heureux, mais je peux pas faire ça. Je l'ai regardé en souriant et je lui ai dit : Tu es mon homme ! Il a compris que je le faisais marcher.

Miles Davis (1989). Miles - l'autobiographie , Presses de la Renaissance

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Les chefs-d’œuvre invisibles

Rendue célèbre par une nouvelle de Balzac, la formule en oxymore de « chef-d’œuvre inconnu » nous invite à une réflexion multiple. Inconnues, de telles œuvres le sont doublement : n’ayant d’existence que littéraire, elles connaissent la plupart du temps une deuxième mise à mort dans la fiction – les tableaux et les partitions sont détruits, les artistes meurent laissant des œuvres inachevées, etc.

Au cours du XVIIIe siècle, le statut de l’œuvre d’art se modifie en profondeur : devenues visibles, facilement copiables donc, les œuvres s’exhibent au regard de tous. Et la vogue des fictions artistiques va imposer l’atelier de l’artiste au cœur de l’écriture, avec tout une fantasmagorie sous-jacente : le maître et l’élève, le maître et son Maître, les secrets de fabrication, l’inspiration, le Diable à l’œuvre derrière l’inspiration du peintre ou du sculpteur.

La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer

Honoré de balzac, le chef-d’œuvre inconnu

Aujourd’hui, je vous propose donc de (re)découvrir deux petits trésors de la littérature française du XIXe : La Leçon de violon (E.T.A. Hoffmann) et Le chef-d’œuvre inconnu de Balzac.

Si vous souhaitez disserter sur ces deux contes – en forme de fables -, les commentaires sont ouverts. En espérant que chacun y puisera matière à réflexion sur les chefs-d’œuvre invisibles1 qui peuplent nos rêves…

Jack le Maudit

La Leçon de violon - ETA Hoffmann
 Contes fantastiques / Hoffmann, Ernst Theodor Amadeus (1776-1822) ; édition illustrée de nombreuses gravures par David. Précédés d’une notice sur la vie et les ouvrages d’Hoffmann / par Ancelot
Source BNF

La Leçon de violon, un conte fantastique d’E.T.A. Hoffmann (cliquez sur l’image pour lire cette nouvelle).
NB : Ce texte (ainsi que La cour d’Artus du même auteur) a inspiré Le Chef-d’Œuvre Inconnu à Balzac, qui a suscité à son tour La Madone du futur de Henry James, Le Chef-d’œuvre invisible de Hans Belting, et enfin The Madonna of the Future de Arthur Danto…

Le chef-d'œuvre inconnu - Balzac, Picasso
BALZAC (H. de) – PICASSO (P.). Le Chef-d’œuvre inconnu. Roman. Paris, Vollard, 1931, in-4°, en feuilles, couverture d’éditeur.

Le Chef-d’œuvre inconnu, Honoré de Balzac (cliquez sur l’image pour lire cette nouvelle)

  1. D’après Hans Belting, Le Chef-d’œuvre invisible

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