Rendue célèbre par une nouvelle de Balzac, la formule en oxymore de « chef-d’œuvre inconnu » nous invite à une réflexion multiple. Inconnues, de telles œuvres le sont doublement : n’ayant d’existence que littéraire, elles connaissent la plupart du temps une deuxième mise à mort dans la fiction – les tableaux et les partitions sont détruits, les artistes meurent laissant des œuvres inachevées, etc.
Au cours du XVIIIe siècle, le statut de l’œuvre d’art se modifie en profondeur : devenues visibles, facilement copiables donc, les œuvres s’exhibent au regard de tous. Et la vogue des fictions artistiques va imposer l’atelier de l’artiste au cœur de l’écriture, avec tout une fantasmagorie sous-jacente : le maître et l’élève, le maître et son Maître, les secrets de fabrication, l’inspiration, le Diable à l’œuvre derrière l’inspiration du peintre ou du sculpteur.
Aujourd’hui, je vous propose donc de (re)découvrir deux petits trésors de la littérature française du XIXe : La Leçon de violon (E.T.A. Hoffmann) et Le chef-d’œuvre inconnu de Balzac.
Si vous souhaitez disserter sur ces deux contes – en forme de fables -, les commentaires sont ouverts. En espérant que chacun y puisera matière à réflexion sur les chefs-d’œuvre invisibles1 qui peuplent nos rêves…
Jack le Maudit
La Leçon de violon, un conte fantastique d’E.T.A. Hoffmann (cliquez sur l’image pour lire cette nouvelle).
NB : Ce texte (ainsi que La cour d’Artus du même auteur) a inspiré Le Chef-d’Œuvre Inconnu à Balzac, qui a suscité à son tour La Madone du futur de Henry James, Le Chef-d’œuvre invisible de Hans Belting, et enfin The Madonna of the Future de Arthur Danto…
Le Chef-d’œuvre inconnu, Honoré de Balzac (cliquez sur l’image pour lire cette nouvelle)