jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

L’utilité du dodécaphonisme

Ce que je trouve valable dans cette technique, que ce soit chez les dodécaphonistes ou les vrais sériels, c'est le fait de pouvoir donner une cohérence au discours musical, , une logique interne, de l'organiser de telle manière qu'il n'y ait pas d'anarchie. Moi, ça m'a beaucoup marqué. C'est, dans le bon sens du terme, le retour à Bach et à d'autres. Et cela est beaucoup plus important que de savoir si on est atonal ou pas.

Dutilleux (2018). Au cœur de la création musicale , La Bibliothèque des Arts

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Comment créer de la musique ?

La question qui agite souvent les musiciens est « Comment faire telle ou telle chose, comment jouer un morceau, etc. », ce qui à mon sens, n’est pas tellement important, du moins dans un premier temps, et surtout si on veut composer de la musique.

Labyrinthe de questions

A mon sens, la vraie question est toujours Quoi faire ?
La question qui vient immédiatement après est Pourquoi ?
Quand on a répondu, on peut se demander Comment faire ?

La réponse à ces questions sera votre proposition artistique.

Bien sûr, vous pouvez aussi ne vous poser aucune question et continuer à écrire des chansons, des riffs, mais se poser ou pas les bonnes questions peut vous conduire dans des directions musicales radicalement opposées, celles-ci engageant toute votre vie…

Quoi faire ?

Cette approche de la composition est très conceptuelle et, en ce sens, composer un morceau de musique revient à trouver un concept, une idée, un principe…

Comment faire pour trouver un concept si on n’a aucune idée me direz-vous ;-)

Une possibilité est de faire appel à un méta-concept. Le terme est de moi me semble-t-il et, pour moi, il signifie un concept au-dessus des concepts… Par exemple, la notion de relation me semble entrer dans cette catégorie, une sorte de concept premier en quelque sorte.

Comme l’a dit Umberto Eco « d’un certain point de vue, deux choses sont toujours liées entre elles« . On le voit bien à travers cette citation, c’est le terme point de vue qui est important ici.

Entraînez-vous, choisissez 2 objets du monde réel, et mettez les en relation en proposant un point de vue (Comme dans Les Superpositions de Bertrand Lavier). Si vous prenez, par exemple, une guitare et un arbre, la relation qui va vous venir immédiatement à l’esprit sera quelque chose du style « une guitare est faite à partir d’un arbre« .

Maintenant, si vous changez de point de vue, vous pouvez imaginer une forêt de guitares posées sur un stand, avec du vent qui met en vibration leurs cordes, et vous avez peut-être ici le début d’une idée sur une installation sonore, il suffit de trouver un moyen d’exciter les cordes (ventilateur puissant pour des guitares acoustiques, champ magnétique pour des électriques…).

D’un point de vue intellectuel, mettre en relation 2 objets, peut consister à les relier par un verbe. Par exemple, « l’arbre cache la guitare », « la guitare monte sur l’arbre », « l’arbre fait la guitare », etc.

Certaines des propositions ci-dessus peuvent sembler farfelues, mais en fait elles ne sont que surréalistes. Ce sont des associations qui doivent (peuvent) provoquer en vous des images mentales, images qui peuvent vous aider à trouver de nouvelles idées pour vos compositions entre autres.

Pourquoi ?

Concernant ce « pourquoi », il convient de préciser que c’est « votre pourquoi à vous » qui est intéressant ici, ce qui vous anime, pourquoi vous faites les choses dans la vie, qu’est-ce qui fait que voulez être artiste au lieu d’être mécanicien, pharmacienne, etc. Qu’est-ce que vous avez à dire aux autres, quel message vous voulez faire passer, quels sentiments vous voulez provoquer chez les autres, etc.

Ce n’est pas le pourquoi des philosophes ni celui d’un môme de 4 ans qui demande pourquoi à ses parents sans arrêt ;-)

Vous devez apprendre à réfléchir aux choses que vous réalisez, aux actions que vous entreprenez, pour apprendre à connaître les limites, vos limites et pour vous dépasser.

Connaître le pourquoi (le vôtre) vous aidera à choisir parmi les différentes propositions du « Quoi faire ? » vu plus haut, le choix étant bien souvent ce qui vous différencie de Mozart ou de Cage par exemple.

Comment ?

Là, je dirais que c’est la partie la plus facile ;-)

Cette partie sera plus gouvernée par la technique, cad les principes issus de la culture que vous avez emmagasinée en vous au cours de votre histoire (habitus selon Bourdieu).

Moralité : il faut quand même travailler son instrument, connaître son histoire, l’histoire de la musique, les œuvres, analyser, etc.

Pour autant, cette phase n’est pas à négliger ni à sous-estimer. Réaliser quelque chose revient à « rendre réel », à mettre en forme, et c’est ce que percevront en premier vos auditeurs.

Il est tout à fait possible (souhaitable) d’essayer d’être original ici aussi et de trouver la forme qui convient le mieux au concept mis en œuvre.

La forme est aussi ce qui définira le style de votre musique.
Dans cette partie, vous travaillerez sur la structure de votre pièce, le matériau sonore (timbres, textures…), les intensités (la dynamique), le rythme, l’harmonie etc. Les choix que vous effectuerez devront être pertinents par rapport à votre propos (Si vous dessinez une vache et que tout le monde voit un mouton, c’est que vous vous êtes trompé ;-))

Conclusion

Voilà énoncés quelques principes qui, je l’espère, vous permettront d’explorer de nouvelles voies dans la composition. Je n’ai pas la prétention ici de définir une méthode universelle, on peut aussi préférer les méthodes classiques, trouver un thème, l’harmoniser, le transformer, trouver un groove, un riff de guitare, un beat avec une boite à rythmes, etc.

A vous de voir mais rappelez-vous que les choix que vous ferez de ce point de vue vous conduiront dans des directions musicales radicalement opposées, celles-ci engageant toute votre vie…

Quant à savoir si le Quoi précède le Pourquoi ou l’inverse… ;-)

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