« Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse »
Filippo Tommaso Marinetti, Manifeste du futurisme, 1909
Jouer vite n’est peut-être pas simplement le fait de jouer bien lentement et d’accélérer ensuite…
Dans cet article, je voudrais combattre une idée reçue que j’utilisais moi-même pendant mes années d’enseignement de la guitare : Pour jouer vite, il faut d’abord jouer lentement et précisément, la vitesse venant avec le temps…
A première vue, ça paraît plein de bon sens, et il ne viendrait à personne l’idée de critiquer ce principe. Pour être précis, je ne critique pas ce principe de manière absolue : un débutant doit d’abord apprendre à jouer précisément, mais je ne suis pas convaincu qu’il arrivera à jouer vite pour autant, j’ai pu le constater d’ailleurs avec mes élèves, certains n’arrivant jamais à jouer vite, même après plusieurs années d’étude de l’instrument…
Le jeu au médiator
Si pour la main gauche, le principe énoncé ci-dessus me paraît tout-à-fait valable (sauf que pour un morceau lent, tous les doigtés se valent, on peut même tout jouer avec un doigt !), pour la main droite en revanche, j’aurais tendance à dire que la tenue du médiator pour jouer des noires à 80 et des double-croches à 160 n’est peut-être pas la même…
C’est un peu comme la conduite automobile : sur un circuit ça demande une autre façon de conduire et des réflexes adaptés ;-)
Si je prends l’exemple du sweeping, on le travaille lentement d’abord pour la précision de la main gauche, éviter que les sons des cordes ne se mélangent et poser les doigts précisément. Par contre, pour la main droite, c’est loin d’être aussi évident, le mouvement du médiator étant naturellement rapide. D’ailleurs, je l’ai constaté souvent avec mes élèves, ils ont du mal à synchroniser les 2 mains (la droite va trop vite). Le sweeeping joué lentement est très difficile pour la main du médiator et nous oblige à freiner celle-ci sans cesse.
Ce qui change quand on joue vite
- quand on joue lentement, on prend le temps de faire sonner chaque note, avec un léger vibrato, les doigts de main gauche s’appuient lourdement sur le manche, ceci n’a plus cours quand on joue vite.
- si on doit improviser, les accords changent rapidement et il faut penser plus vite.
- dans l’improvisation à tempo rapide, on a plus tendance à jouer des plans automatiques, appris par cœur. Pour arriver à sortir de ça, il faut s’habituer à improviser sur des tempi rapides.
- les phrases que l’on trouve bonnes à un tempo lent ne fonctionnent pas forcément à un tempo rapide.
- il faut chercher des phrases qui nous viennent bien sous les doigts ou chercher des astuces pour aller plus vite (sweeping, tapping, liaisons, gammes à 3 notes par corde…). D’une manière générale, la recherche de la vitesse a fait progresser la technique de l’instrument…
Travail du médiator
Si vous avez déjà observé des guitaristes, vous aurez sans doute remarqué qu’il y a autant de façons de tenir le médiator qu’il y a de guitaristes…
Basiquement parlant, il y a 3 façons de jouer avec le médiator :
- en bougeant les doigts qui le tiennent
- en articulant au niveau du poignet
- en articulant l’avant-bras au niveau du coude
Quelle est la meilleure façon ? Je dirais qu’il faut savoir utiliser les 3 selon le contexte. La meilleure façon est d’essayer de jouer la même phrase avec les 3 principes et de voir ce qui fonctionne le mieux ;-) Je recommanderais aussi un médiator dur (qui ne plie pas quand on frappe une corde) et une frappe légère.
Je conseillerais aussi de travailler l’aller-retour le plus possible et d’utiliser le sweeping (coup de médiator vers le bas pour les passages vers l’aigu et inversement) pour les changements de corde rapides.
Pour les sauts de corde très rapides, essayer le picking hybride (médiator + majeur ou annulaire).
Conclusion
Jouer vite = penser vite !
Ce qui me paraît important est de s’habituer dès le début de l’étude de l’instrument, à jouer des morceaux rapides. Ceci afin de vérifier la tenue du médiator et de s’habituer à penser en fonction du tempo. Pour finir, je dirai que jouer vite n’est pas un but en soi, mais pouvoir le faire nous permet d’être à l’aise techniquement, même avec les phrases les plus simples ;-)
28 Responses
Salut, alors la dernieres fois que j’ai posté ici c’était il y a au moin 4 ou 5 ans, depuis j’ai eu mon dem en musique actuelles avec mention, j’ai préparé le concours de l’udem de montreal et j’ai fait deux trois truc, et niveaux vitesse, apres 5 ans de taff dont 3 a raison de 5 h de technique par jour il n’y a pas de blabla : LE MÉTRONOME, dabord toutes les gammes tout les modes, ensuite tout les arpèges ensuite jouer sur des standards parce qu’on le veuille une non un jeu rapide ne sert a rien si il ne contient pas de propos et il faut impérativement jouer certaines grilles et progressions harmoniques pour vraiment maitriser son instrument. Bref avant de vous demander comment jouer vite demandez vous combien d’heures par semaines vous etes prets a consacrer pour jouer vite.
Peace
Je suis débutant et j’ai beau connaitre une phrase parfaitement et la jouer bien a vitesse lente je n’arrive tout de méme pas a accélérer. J’ai l’impression que mon cerveau ne transmet pas l’information assez vite a mes doigt. donc je suis d’accord avec cet article si l’esprit pense vite le doigts bougerons vite c’est pour quoi je m’entraine a vitesse lente pour apprendre par coeur un morceau et j’essaye de le jouer le plus vite possible méme plus vite que l’original et ensuite je reviens sur le tempo d’origine et je trouve mon apprentissage plutôt efficace
Merci Jordan de ce témoignage.
Avant d’essayer de jouer une phrase à une grande vitesse, il faut quand même te demander quel est le but ! Il faut aussi penser à développer ton propre style… Et si tu ne joues pas vite, soigne ton phrasé et ton son, c’est aussi très important. La plupart des gens ne s’intéressent pas tant que ça à la vitesse. Surtout si c’est pour entendre des arpèges et des gammes…
Bonne continuation et merci de ta visite
Jack
Bonjour, l’habitude c’est la second nature et j’adore cela.J’ai voulu être devenir un jazzman
Je ne suis pas complètement d’accord, il est vrai qu’il faut accepter de sauter le pas à un moment donné et tenter de jouer à des vitesses plus importantes pour assimiler le jeu rapide. Et il est évident que plus on joue vite plus on acquiert une certaine aisance et une certaine dextérité. Cependant l’apprentissage passe tout de même selon moi par un jeu lent, surtout en ce qui concerne le sweeping: la fluidité et la précision du sweep viennent selon moi avec la pratique et uniquement la pratique. Commencer à apprendre le sweep picking rapidement est une grosse erreur. Il faut surtout, mais ce n’est que mon avis, insister sur le mouvement continu (synchro main gauche et droite) en commencant par des sweep sur 3 cordes puis 4, 5 et 6 cordes..
Et puis n’oublions pas que jouer vite n’est pas synonyme de jouer bien! ;)
Très bon article! C’est fou comme cela rejoint la plupart de mes idées.
bonjour,
puisque cet article parle du travail du médiator, je me permet de vous présenter mes médiaors:
à la suite d’un accident, j’ai perdu l’index de la main droite, et à force de chercher le médiator idéal, et bien je l’ai fait. vous pouvez en voir l’histoire sur mon blog:
http://www.leinad-fr.net/tag/mediators
et bravo pour ce blog, son impertinence zappaienne, et ses coups de pied au cul des idées reçues
Merci beaucoup.
Et qui va lentement va sûrement, tout en persévérant ^___^