jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

Musique surréaliste

À ces divers degrés de sensations correspondent des réalisations spirituelles assez précises et assez distinctes pour qu'il me soit permis d'accorder à l'expression plastique une valeur que par contre je ne cesserai de refuser à l'expression musicale, celle-ci de toutes la plus expressément confusionnelle. En effet, les images auditives le cèdent aux images visuelles non seulement en netteté, mais encore en rigueur, et n'en déplaise à quelques mélomanes, elles ne sont pas faites pour fortifier l'idée de grandeur humaine. Que la nuit continue donc à tomber sur l'orchestre, et qu'on me laisse, moi qui cherche encore quelque chose au monde, qu'on me laisse les yeux ouverts, les yeux fermés - il fait grand jour - à ma contemplation silencieuse.

André Breton (1925). La Révolution Surréaliste

Comment jazzifier vos vieux blues en Mi ?

Fatigué de jouer toujours les mêmes plans sur ce bon vieux blues en Mi ? Alors cet article est pour vous ! Nous allons voir aujourd'hui la substitution de l'accord de E7 par l'accord de Bm et tout ce que ça entraîne.

La théorie derrière tout ça…

Pourquoi pouvons-nous substituer ces 2 accords ? Voici au moins 2 raisons :

  1. Parce que si nous continuons de développer un accord de E7, il contiendra "naturellement" la triade Bm. Ici nous obtenons un accord de E9 : Mi Sol# Si Ré Fa# (la triade est surlignée dans l'exemple)
  2. Pour le mouvement de basse très fort entre Bm et E7 (le pas de quinte descendante est le plus fort en harmonie traditionnelle). E7 étant le degré V en La majeur, on lui adjoint le degré II de cette même tonalité, ce qui rend la progression vers la résolution du degré I encore plus forte.

Travaux pratiques

On va d'abord faire un plan très simple incorporant l'arpège de Bm à un plan en pentatonique mineure de Mi.

E penta Bm

Voici ensuite un plan un peu plus sophistiqué avec un peu de chromatisme et un arpège de Bm7 :

Bm7-E7

Voici un autre plan qui démarre carrément avec un arpège de Bm7

progression de E penta vers B penta

N'hésitez pas à essayer cette phrase sur les différents accords indiqués à la deuxième mesure.

Un développement avec les deux gammes pentatoniques mineures de Mi et Si

deux-pentas

 

Et un plan jazzy en 7ème position librement inspiré d'une phrase du Red House de Jimi Hendrix dans le Live Hendrix in the West

 

plan E9 en sextolets

Sur les traces de Pat Martino

Pour finir en beauté, je vais maintenant vous offrir quelques phrases inspirées des Linear Expressions de Pat Martino himself ! Je vous renvoie à un autre de mes articles pour une meilleure compréhension du principe. Ici, je fais un mix entre des plans jazz et blues/rock pour vous montrer d'autres possibilités et vous entraîner sur les traces du jazz funk/fusion. Bon courage !

pat-martino-1

pat-martino-2

pat-martino-3

Je vous souhaite plein de découvertes à partir de ces quelques exemples.

Jack

5 réponses

  1. Bonjour Jack

    Une chose que je ne pige pas: tu parles de remplacer l'accord E7 par Bm, soit, mais tu improvise sur une penta mineur de E. Il me semble que l'on jase dans la même gamme que l'accord, sinon de la pièce au complet non ? Ainsi, on aurait Em7 à la place (le blues se jouant surtout en mineur d'ailleurs)… Aussi, le développement de Em7, en respectant la succession des tierces maj et min, suivant ce que tu as expliqué, mène à Bm alors que celui de E7 donne B.

    Une autre chose tiens: je comprend que théoriquement de l'accord E à A on a un effet conclusif, d'ou de E9 à A on a un (II-V)-I. Sauf que E qui étant en I, ça donne aussi (I-V)-IV, ce qui est plus conforme à la tonalité de la pièce.

    Ça me mèle un peu tout ça…

     

    1. Bonjour Michel,

      Pour ta première question, oui je mélange les apports du blues traditionnel – donc penta mineure de Mi – avec les apports du jazz – penta mineure de Si -, ce qui est tout le propos de cet article : saupoudrer de jazz notre bon vieux blues en en Mi ;-)

      Pour ta deuxième interrogation, il faut savoir qu’un des apports principaux du blues/jazz – au niveau harmonique – a été de transformer tous les degrés de la tonalité en accords de dominante ! Ça n’existe pas dans la musique classique (période classique) où un accord qui contient le triton (Mi-Sib pour un C7) doit résoudre sur le premier degré. Le jazz va s’affranchir, à la suite de Richard Wagner et autres, de cette contrainte et mettre un accord de dominante sur n’importe quel degré de la gamme/tonalité. Donc, dans notre exemple, le E7 qui serait en musique classique, le V de La majeure, devient le I de Mi majeure ;-) C’est un effet stylistique, vois-tu ? Maintenant, si tu pousses plus loin vers le jazz, et que tu atteignes les rives tourmentées du be-bop, tu pourras constater que Charlie Parker joue aussi bien le premier degré comme un I que comme un V dans la même impro. Comme je le répète souvent sur ce site, le génie peut tout se permettre et pour paraphraser Audiard, je dirais bien « Les génies ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ! » LOL

      Amitiés musicales

      Jack

      1. Mais oui c'était pourtant évident, c'est pas du blues tradditionnel mais du blues/jazz… 

        En somme si j'ai bien compris:

        1) en blues/jazz on ne se soucie pas d'improviser dans le même arpège que l'accord (jouer en penta Em sur E7) puisque cela n'affecte pas le mouvement tonal de la pièce. 

        2) On développe l'arpège sur lequel on improvise pour lui ajouter de la tension (est-ce là ce que ça signifie jouer le premier degré comme un I et un V, à la manière de Charlie Parker ?)

        Ainsi pour la suite, si on joue un A7 en IV, on développera Am sur Em pour jaser, et Fm sur Bm en V par dessus un accord B7…

         

         

        1. Tout à fait, c'est du vieux blues jazzifié, donc avec une approche modale (on raisonne ici plus en modes qu'en gammes,ce qui est plutôt réservé à la musique tonale).

          Je réponds à tes questions 1 et 2 en un seul coup : on peut développer un mode par accord comme en jazz : Mi mixolydien sur E7, La mixolydien sur A7 etc. On est plus dans une approche modale que tonale dans le vieux blues… Dans le be-bop, les musiciens vont encore plus loin et utilisent des modes avec plus de tensions encore, par exemple La lydien sur A7, Mi lydien chromatique sur E7, et même La mineur mélodique (ascendante) sur A7 etc. Je te renvoie à des sites ou des bouquins qui traitent du sujet en profondeur si la question t'intéresse (Comme bouquins, j'ai Jef Gilson, l'Harmonie du jazz ou Jacques Siron, La Partition intérieure).

          Par contre, je suis pas sûr de bien comprendre ta dernière phrase… ;-)

          A suivre

          Edit : en fait j'avais oublié mon propre site ;-) Ici tu as un blues de 12 mesures en Mi entièrement écrit qui peut te donner une idée d'une impro be-bop.

          1. Si en I on développe E par Bm, on se retrouve en mode mixolydien ou mixolydien b13. Si c'est Em on est en dorien ou éolien. Le tout dépendant qu'on choisisse Do ou Do# pour complèter le mode. Ainsi de suite pour les autre accords, en IV et V; on choisit le mode ou l'accord et son extension qu'on veut. C'était le sens de ma dernière phrase.

            Bon je crois comprendre un peu mieux :). J'aurais beaucoup d'autres questions mais je vais étudier tout ça un peu avant.

            Merci encore et à la prochaine !

             

             

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