Vous n’avez pas votre guitare avec vous et vous pensez ne pas pouvoir pratiquer ?
Il doit vous arriver souvent, comme à moi-même de trouver de moins en moins de temps pour pratiquer votre instrument, alors qu’on se retrouve très souvent dans cette situation détestable de devoir attendre sans avoir rien à faire… Des exemples ? Dans le métro, dans le train, dans une salle d’attente, chez le coiffeur, etc.
Pourquoi ne pas utiliser ce « temps perdu » à pratiquer notre instrument favori même si on ne l’a pas avec nous et qu’on ne pourrait pas en jouer de toutes façons ?
Des études médicales récentes ont mis en évidence la notion d’image mentale dans les processus d’apprentissage. Dans un excellent petit livre, dont j’ai déjà parlé ailleurs, voici ce qu’on peut trouver à ce sujet.
ENTRAÎNEMENT MENTAL ET ENTRAÎNEMENT PHYSIQUE
(pages 136-137, Sérénade pour un cerveau musicien, Pierre LEMARQUIS, Odile Jacob)
L’entraînement moteur sculpte le cerveau des musiciens. Les professionnels ayant une longue pratique instrumentale bénéficient de représentations privilégiées correspondant aux doigts les plus utilisés. L’entraînement mental qui consiste a imaginer une action sans l’exécuter, par exemple une descente à ski, est connu depuis les années 1960 par les sportifs. Son action est prouvée sur la force de la contraction musculaire, la rapidité et la précision du mouvement ; il permet la réduction de la variabilité et l’augmentation de la qualité des mouvements dans le temps. Cette technique a rapporté de nombreuses médailles d’or aux jeux Olympiques de Grenoble en 1968. Quarante ans plus tard, les progrès des neurosciences permettent enfin d’expliquer cette constatation d’abord empirique :
- une activation cérébrale au niveau du cortex moteur primaire a été prouvée par IRM fonctionnelle lorsque l’on imagine simplement que l’on active ses doigts sans les bouger.
- l’excitabilité de cette zone croît de la même façon chez un groupe de personnes pratiquant le piano de manière intensive pendant cinq jours que chez un autre groupe qui imagine jouer du piano et se contente de regarder le clavier
- une similarité existe entre l’entraînement mental et l’entraînement physique. Dans les deux cas, on observe une première phase avec une augmentation de l’activité des zones du cerveau impliquées dans l’élaboration et le contrôle des programmes moteurs (le cortex prémoteur et le cervelet) ainsi que du lobe pariétal. Ce phénomène disparaît progressivement dans une seconde phase, remplacé par l’activation de régions plus profondes impliquées dans les mouvements automatisés (les ganglions de la base) et les comportements, en particulier les émotions (cortex préfrontal : orbito-frontal et gyrus cingulaire antérieur)
- il est possible enfin d’augmenter volontairement le degré d’activation de son cortex sensori-moteur durant une action manuelle imaginée en le voyant « s’allumer » sur écran grâce à l’IRM fonctionnelle.
L’hypothèse de Marc Jeannerod selon laquelle se représenter une action et l’exécuter sont fonctionnellement équivalents se confirme et fournit une explication de la mémoire musicale exceptionnelle de Glenn Gould par le biais de la cognition motrice… »
Alors, vous êtes convaincus ? Bien entendu, vous l’aurez compris, ce complément au travail normal de l’instrument, concerne plutôt les musiciens confirmés, avec une pratique professionnelle. Finies les attentes inutiles loin de son instrument !
Jack
PS : vous pouvez télécharger sur le site des éditions Odile Jacob, l’introduction du livre « Sérénade pour un cerveau musicien »
Une réponse
Bonjour,
Je ne suis pas ce que j’appellerais un musicien confirmé. Je gratouille depuis de nombreuses années, et ça fait un an (depuis que je me suis remis à l’électrique) que j’essaie de travailler à peu près sérieusement mon instrument. Du coup je me suis remis à la théorie la plus basique (les gammes). Et bien souvent il m’arrive de travailler ces gammes (lien entre les unes et les autres, relation entre les positions pour mineur et majeur) au moment de m’endormir, et je confirme que c’est un excellent moyen de travailler quand on n’a pas envie de déranger le reste de la maisonnée.
Par ailleurs, je tiens à dire merci pour ce site rempli de choses utiles et intéressantes. Une bonne partie des références musicales n’est pas vraiment ma tasse de thé (tout ce qui concerne l’art sonore me dépasse un peu, je trouve que la limite entre l’art sonore et le foutage de …. est souvent floue.) mais tout ce qui concerne le travail musical et instrumental est vraiment très intéressant (et bravo pour les petites touches d’humour qui sont très pertinentes, je me reconnais souvent).
Kevin