jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

Brave New World

Sans les habitudes appropriées de langage et de pensée, sans la familiarité nécessaire avec une littérature classique, le lecteur ne percevra pas ce que j'appellerai les harmoniques de l'écriture. Car, ainsi qu'un son musical évoque tout un nuage d'harmoniques, de même la phrase littéraire s'avance au milieu de ses associations. Mais tandis que les harmoniques d'un son musical se produisent automatiquement et peuvent être entendus de tous, le halo d'associations autour d'une phrase littéraire se forme selon la volonté de l'auteur et ne se laisse percevoir que par les lecteurs qui ont une culture appropriée.
Dans une traduction les tons seulement sont entendus, et non leurs harmoniques - non pas, en tout cas, les harmoniques de l'original ; car il va sans dire qu'un bon traducteur essaiera toujours de rendre cet original en des mots qui ont, pour le nouveau lecteur, des harmoniques équivalents.

Aldous Huxley (). Le meilleur des mondes , Presses Pocket

Tension, Résolution

la fonction des notes

Consonance, dissonance, tension, résolution, attraction, altération… L’article suivant va essayer de vous éclairer un peu sur ces notions parfois confuses, mais toujours enrichissantes .

Préambule

Prenons une gamme majeure de DO : Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La et Si.

En jouant cette gamme avec différentes mélodies, on peut entendre que l’enchaînement des notes n’est pas toujours indifférent; Je veux dire par là que si on peut faire suivre la note Do de n’importe quelle autre note, il n’en va pas de même avec le Si par exemple.

En effet, quand on joue une mélodie ordinaire en DO, la note Fa est très souvent suivie de la note Mi et la note Si de la note Do. Ceci n’est pas anodin : en effet, dans les deux cas, nous avons affaire à un intervalle d’un demi-ton (diatonique) entre ces notes. D’ailleurs, les notes Si et Fa (en DO majeur) sont appelées notes à mouvement obligé en harmonie classique. Ces 2 notes sont très importantes dans une mélodie car elles génèrent une tension qui doit se résoudre sur une note stable de la gamme.

Remarque : bien sûr, le caractère « obligatoire » ce ces enchaînements dépend d’autres facteurs comme la durée de la note, sa position dans le temps, le contexte culturel même.

Tension

Par extension, au fil des siècles, toutes les notes situées à un intervalle de demi-ton vont être incorporées pour enrichir les mélodies (et les accords), ceci créant une tension génératrice de mouvement.

anecdote : un critique musical avait dit à l’époque « Prokofiev c’est du Mozart avec des fausses notes ! »

Les tensions ont d’abord été utilisées comme [appoggiatures->les-appoggiatures], cad qu’elles sont placées sur un temps fort et qu’elles agissent comme un retard d’une note de l’accord.

retard

Résolution

Où doit résoudre une note de tension ? En général, sur une note située un demi-ton au-dessus ou au-dessous d’elle. Par convention, une note diésée monte et une note bémolisée descend.

Exemples en DO majeur Do#->Ré, Ré#->Mi, Sib->La, Mib->Ré, etc…

Harmonie

Du point de vue harmonique, chacune des tensions peut être supportée par au moins un accord.

Pour reprendre l’exemple du début, les notes Si et Fa sont contenues dans l’accord de dominante G7 et impliquent la résolution G7->C

Voici un tableau montrant quelques possibilités d’harmonisation de tensions en DO majeur (les tensions sont écrites entre parenthèses)

dièzes

  • C -> A7 -> Dm (do#)
  • C -> B7 -> Em (ré#, fa#)
  • C -> D7 -> G (fa#)
  • C -> E7 -> Am (sol#)
  • C -> F#7 -> F (fa#, la#, do#)

bémols

  • C -> DbMaj7 -> C (réb, fa, lab)
  • C -> Eb -> G (mib, sib)
  • C -> Gb7 -> Fm (solb, sib, réb)
  • C -> AbMaj7 -> G (lab, mib)
  • C -> C7 -> F (sib)

Travail

Ce nouveau matériel pour vos impros et compos doit être incorporé progressivement à votre vocabulaire. Comme toujours, il convient d’abord d’entendre ces notes avant de les jouer. Pour ce faire, voici un petit exercice : enregistrez une rythmique constituée d’un seul accord, et entraînez-vous à placer les tensions, d’abord en résolvant rapidement, puis en insistant sur ces notes. Remarquez le sentiment que vous procurent ces notes (tristesse, colère…), il faudra pouvoir le réutiliser plus tard pour donner du sens à vos impros/compos.

Conclusion

Comme toujours, en essayant d’éclairer un concept défini, on est obligé de faire appel à d’autres concepts; ceci prouve qu’il est impossible en musique de comprendre une chose de manière isolée. Que ceci ne vous effraie pas, travaillez et la connaissance viendra petit à petit. A cet égard, il convient de noter que dans cet article nous n’avons parlé que des demi-tons comme tensions mais il est tout-à-fait possible d’envisager d’autres intervalles de même pour la résolution d’une tension. Cet article ne présentait que l’approche classique, mais la musique est un langage en perpétuelle évolution.

11 réponses

  1. nous avons ici des exemples de transition entre accords utilisant des mouvements de demi ton; il ne s’agit pas de progressions

    C-> A7-> Dm-> C en est une pourtant I VI ii I
    C-> F#7-> G-> C est une progression utilisant I bV V I

    si vous écrivez ces accords sur votre logiciel préféré vous verrez les transitions de demi-tons

    quand vous faites des progressions, notez le rôle des substitutions d’accords et les transitions possibles

    en écrivant les accords cela devrait être plus clair, avec les indices vous devez faire le travail

  2. super explication.
    pour peut-être éclairer la question de Seb, une note qui doit se résoudre, c’est une note sur laquelle tu peux pas terminer, tu entendras que naturellement elle appelle à se résoudre sur une autre note.
    pense aux 4 premières notes de la 5ème de Beethoven ta, ta, ta….imagine sans le tam final de la résolution…ou whole lotta love de led zep: ta, ta, ta, ta….enfin c’est comme ça que je comprends les résolutions.

  3. Bonjour ! je ne comprends pas cette histoire de resolution, une note située a un demi ton de n’importe qu’elle autre note de la gamme doit être suivie d’une note particuliere afin de « resoudre » sur celle ci (si il ne sagit pas d’une note de passage) ?

    Je n’ai pas comprit cette phrase : »agissent comme un retard d’une note de l’accord » en parlant des tensions.

    « les notes Si et Fa sont contenues dans l’accord de dominante G7 et impliquent la résolution G7->C », pourquoi est-ce qu’on part de G7 et pas de Bmb5 ?

    •C -> DbMaj7 -> C (réb, fa, lab)
    •C -> Eb -> G (mib, sib)
    •C -> Gb7 -> Fm (solb, sib, réb)
    •C -> AbMaj7 -> G (lab, mib)
    •C -> C7 -> F (sib)

    Et ici je ne comprend pas d’ou viennent les deuxiemes accords, pourquoi ce ne sont plus des accords de dominantes ?

    Merci d’avance pour les réponses même si les questions sont étranges !

    1. Salut Seb,

      Beaucoup de questions… auxquelles cet article était censé répondre ;-) Je vais faire court afin de ne pas réécrire l’article.
      Le degré VII d’une gamme majeure (ou mineure) est situé à un demi-ton de la tonique, donc il est attiré par elle. Cette note est appelée note à mouvement obligé.
      L’enchaînement de l’accord portant la sensible (comme tierce) à l’accord du premier degré s’appelle résolution.
      Une fois que tu auras compris ça, le reste se déduit simplement.

      Voici un article reprenant toutes ces notions

      En espérant ne pas t’avoir embrouillé encore plus ;-)
      Cordialement,
      Jack

  4. salut Alexis
    Je dirai « à cause du mouvement de la basse ». Le mouvement de basse V -> I est le plus fort qui soit en musique. On a déjà une tension assez conséquente (le do# formant triton avec la 7ème sol), donc la résolution la plus puissante s’impose pour lever toute ambiguité au niveau de l’oreille. Maintenant, si tu veux surprendre ton auditoire, tu peux tout à fait « résoudre » avec d’autres accords.
    Pour ta deuxième question, si j’ai bien compris, je répondrai qu’il existe traditionnellement 2 degrés qui résolvent : le V sur le I et le IIb sur le I (en majeur et en mineur).
    Ca n’est pas un hasard, ces 2 accords contiennent le triton.

    A bientôt

  5. Salut !
    Une question toute bête me vient à l’esprit.
    Dans le premier exemple de ta gamme de Do, c’est à dire :

    C -> A7 -> Dm (do#)

    Je comprends bien la progression mélodique, mais pourquoi lorsque je joue un G par exemple (en faisant sonner relativement fort le ré), cette progression ne marche-t-elle pas aussi bien ?
    En gros, et pour généraliser, lorsqu’il s’agit d’une progression d’une note seulement, pourquoi l’accord que tu as donné marche-t-il alors que d’autres accords de la même tonalité et contenant la même note ne marchent-ils pas ?

    Autre question, y’a-t-il une généralisation de ces tensions-résolutions, cad certains degrès qui produisent cet effet pour toutes les tonalités ?

    Merci d’avance de ces réponses,
    Cordialement,
    Alexis

  6. salut Maxime,

    si je prends cet enchaînement d’accords C -> A7 -> Dm, on entend clairement une mélodie à l’intérieur : Do Do# Ré
    La note Do# représente une tension dans la tonalité de Do (pour laquelle elle est étrangère). Mais portée par un accord de dominante (A7) et un mouvement de basse très fort (V -> I), elle trouve « naturellement » sa place, en amenant toutefois une tension (ce qui empêche de trop ronronner) qui trouvera son repos à l’arrivée sur un accord appartenant à la tonalité de Do : Dm

    C’est plus clair comme ça ?
    Sinon, précise-moi ce que tu ne comprends pas.

    merci encore de ta visite

  7. Bonjour ! je pratique la musique depuis maintenant plusieurs années, et me sens freiné ( à tort ou non … ) par mon niveau faible en harmonie, ton site est donc d’un bon secours =)

    Je n’ai pas compris ceci :

    C -> A7 -> Dm (do#)
    C -> B7 -> Em (ré#, fa#)
    C -> D7 -> G (fa#)
    C -> E7 -> Am (sol#)
    C -> F#7 -> F (fa#, la#, do#)

    (etc)

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