jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

Chute de l’art dans la culture…

Ceux qui se laissent induire, par la respectabilité croissante de la culture de masse, à prendre une chanson populaire pour une œuvre d’art moderne parce qu’une clarinette y fait des couacs, et qui croient qu’un triple accord mêlé de « dirty notes » est atonal, ont déjà capitulé devant la barbarie.

Theodor W. Adorno (1955). Prismes : Critique de la culture et société , Payot

Usage et fonction des accords

Développement, usage et enrichissement des accords (2)

Cet article est le second d'une série consacrée aux accords et à l'enrichissement de ceux-ci. Ces articles concernent plutôt l'harmonie de jazz mais peuvent aussi être utiles à tous ceux qui harmonisent ou arrangent des chansons.
Dans cet article, nous étudierons les usages pour chaque type d'accord usuel.

Usage et fonction des accords

1) les accords 7M

Le développement de cet accord est le suivant : 3M + 3m + 3M + 3m etc. à l'infini. Donc, en théorie, on peut tout jouer sur cet accord (réécouter Coltrane), mais plus on s'éloigne de l'arpège de base, plus ce sera dissonant.

triades sur un majeur 7

Si on prend les notes de son développement 4 par 4, on obtient des arpèges utilisables pour l'improvisation : C7M Em7 G7M Bm7 D7M F#m7 A7M C#m7 etc.

On trouve cet accord soit comme I ou IV d'une tonalité majeure.

2) les accords m7

Dans une tonalité majeure, l'accord m7 peut occuper 3 positions : II, III ou VI

Sur le II, cet accord amènera une cadence ex Dm7 G7 C7M.

Sur le III, cet accord peut-être vu comme une substitution du I (on le retrouve d'ailleurs dans le développement de celui-ci), C -> Em7

Sur le sixième degré, il agira aussi comme une substitution du I.

3) les accords de septième

L'accord de septième est l'accord du jazz par excellence. Son usage est varié, on peut même le retrouver sur tous les degrés… Cet usage "jazzifie" l'harmonie, en particulier dans la musique de variétés.

Je distinguerai deux cas de figures pour cet accord :

  1. il résoud
  2. il ne résoud pas

Le premier cas est l'usage classique de l'accord de septième de dominante. Il est de provoquer une tension dans le mouvement des voix conduisant à l'inéluctabilité de la résolution sur le I. (ex G7 -> C). Ceci a été un des premiers moyens pour amener un "mouvement" dans l'harmonie (notes à mouvement obligé).

Le deuxième cas, qui est typiquement jazz, ressemble aux emprunts de l'harmonie classique. L'accord n'est pas suivi du I dont il est le cinquième degré. Exemple dans Take The A Train :

Take The A Train

Comme vous pouvez le constater, les usages de cet accord sont très nombreux en jazz. On peut par exemple citer le cas ou le I est présent à l'état de dominante. Ce cas est typique du blues et des musiques dérivées.

4) l'accord m7b5

Le développement de cet accord est contenu dans celui de l'accord de septième. L'accord m7b5 est souvent vu comme un accord 7/9 sans fondamentale (exemple : Dm7b5 = Bb9).

Sa position habituelle est comme II dans une tonalité mineure : Dm7b5 G7 Cm

Il est aussi utilisé comme substitut de l'accord du II dans une tonalité majeure : Dm7b5 G7 C7M.

5) les accords de 7ème diminuée

Il n'existe que 3 accords diminués différents. Donc chaque accord a quatre noms (chacune des notes de l'accord).
Exemple C7dim = Eb7dim = F#7dim = A7dim.

La fonction première de cet accord est de résoudre sur le I en mineur. G#dim Am (en pratique, on résoudra sur un accord majeur ou mineur situé 1/2 ton au-dessus).

L'accord de 7dim est souvent vu comme un accord 7b9 sans fondamentale. Ex : C7dim = B7b9

6) les accords de sixte

L'accord majeur avec sixte a le même rôle que le I. On utilise souvent cet accord pour amener du mouvement sur le I : C7M C6

remarque : pratiquement, C6 = Am7

7) les accords m6

Cet accord se retrouve sur le I ou le IV en mineur. Son usage est très fréquent dans le jazz manouche.Il amène une teinte nostalgique.

remarque : Django Reinhardt l'utilisait sur presque tous les degrés avec génie…

8) les accords mineurs avec septième majeure

On trouve cet accord principalement sur le I en mineur. Il amène aussi une teinte nostalgique (ou lugubre). Ecoutez un musicien comme Horace Silver pour avoir de bons exemples d'utilisation de cet accord.

Autres articles de la série

  1. le développement des accords
  2. enrichissement des accords

9 réponses

  1. Bonjour,

    Pour la partie m7b5, j'aurai chiffré le Dm7b5 comme un Bb9 comme substitution diatonique, et non G9.

    Ai-je tort?

  2. Bonjour, j’ai vraiment du mal à comprendre ce passage:

    « 1) les accords 7M

    Le développement de cet accord est le suivant : 3M + 3m + 3M + 3m etc. à l’infini. Donc, en théorie, on peut tout jouer sur cet accord (réécouter Coltrane)

    Si on prend les notes de son développement 4 par 4, on obtient des arpèges utilisables pour l’improvisation : C7M Em7 G7M Bm7 D7M F#m7 A7M C#m7 etc. »

    J’ai compris la structure de l’accord, mais je ne comprends pas l’idée de développer cette structure à l’infini (je n’ai jamais vu cette notion ailleurs que sur cet article)…. Si ce n’est de se retrouver avec plein de notes, qui associées 4 par 4 (dans l’ordre du développement) donnent des arpèges qui sonnent bien (notion bien relative) sur un accord majeur 7?

    Merci d’éclairé ma lanterne et bonne continuation :)

    1. Bonjour Julien,

      D’abord le développement de cet accord n’est pas infini mais grand ;-) Effectivement, on retombe sur C7M.

      Chaque accord a 3 notes communes avec le suivant et le précédent, ce qui permet de s’écarter petit à petit de l’harmonie de base tout en gardant une logique harmonique forte (cf. Coltrane). Ce qui n’est pas la même chose que de se dire qu’on peut jouer le total chromatique sur un accord donné ;-)

      Est-ce plus clair ?

      Musicalement,

      Jack

        1. Cher Julien,

          Tout d’abord, merci pour vos gentilles paroles concernant mon site.
          Concernant votre demande, il me faut d’abord préciser quelque chose : ce qui importe le plus à mon sens, ce n’est pas ce que MOI (ou d’autres) je pense de votre travail mais plutôt ce que VOUS en pensez… Pour autant que mon avis puisse être pertinent sur votre travail, vous n’en apprendrez pas grand-chose sur la qualité esthétique de celui-ci. En effet, seule l’histoire peut juger de ces choses et mon avis sur telle ou telle affaire n’a que peu d’intérêt à part de me faire mieux connaître à vos yeux ;-) Quand l’amateur de jazz vous dit qu’il n’aime pas les Beatles, qu’apprenez-vous d’utile sur eux ? Donc, ce qui compte avant tout, c’est de pouvoir s’autocritiquer, d’être lucide sur soi (ou d’être assez sûr de soi), car c’est la seule chose que personne ne pourra jamais vous apprendre…
          Après, Si c’est seulement un avis technique que vous recherchez (bon choix harmonique, justesse de l’accord, sonorité etc. ), alors là effectivement un « maître » pourra vous aider ;-)
          Mais ne vous trompez pas en prenant un avis pour l’autre… Et vous serez peu aidé par les gens que vous croiserez car ils confondent allègrement l’un et l’autre.

          Musicalement vôtre

          Jack

  3. Bonjour, je joue et chante la musique Brésilienne, les Brésiliens sont très rythmiques et mélodique ( mélodico-rythmique ), leur musique reflète la musique populaire, classique ( ex: Chopin… ), le Jazz dans les années 50, etc… Ils utilisent des accords à la foi classique et Jazz, avec évidement des cadences communes. La question à se poser est par exemple :  » ma mélodie présente un ré , combien d’ accords puis je réaliser qui contiennent la note ré », ( exemple je suis en tonalité de Fa majeur) . Autrement dit , je peux faire combien d’ accords avec la note ré en tonalité de fa majeur; combien d’ accords avec la note sj bémol, et ainsi de suite. En suivant la prosodie musicale, c’ est à dire la mélodie, paroles tombent sur des temps forts et faibles . Attention si on joue des accords à l’ état de reversement , la basse étant sur un temps fort par exemple , on évitera de placer la tierce de l’ accord à la basse ( la tierce sur un temps fort affaibli la tonalité et sonne pauvre, vide ). C’ est l’ oreille qui décide , et chaque guitariste Brésilien met ses couleur par un choix d’ accord qu’ il préfère dans son style. A la base il y a des accords fonctionnels et d’ autres c’ est pour la déco, comment un peintre avec sa palette . Chaque guitariste dépose ses couleurs suivant ses influence et possibilités. Dans mon cas Baden Powell est mon mitre à écouter, il y a tout chez lui… J’ espère ne pas avoir été trop compliqué, cela mériterait d’ entrer dans le détail pas à pas, appuyé par des exemples. Mais je pense que la bonne école; c’ est d’ écouter beaucoup, l’ OREILE reste et restera la vie du musicien. Aussi prendre un morceau, ex: manha de carnaval, dans différentes versions et guitariste, de les relever, et de faire sa propre SAUCE , d’ après sa propre sensibilité afin de devenir co-créateur et libre. Bonne musique….

    1. Bonjour Patrick,

      Merci de ce commentaire tès dense ;-) Effectivement, la musique brésilienne, à la croisée de plusieurs musiques, est très riche et je ne peux qu’encourager les lecteurs de ce site d’en écouter et d’en travailler. Le grand Baden Powell par exemple ;-)

      Salutations musicales

      Jack

  4. bonjour

    sans vouloir vous bajuler, vraimente j’aime consulter votre site pour améliorer mes conaissances musicaux. Je suis d’accord avec vous à propos du monde enchanté de l’harmonie. Et ma question est juste pour savoir comment peut prendre une musique et l’enrichir de l’accords comme on fait dans la MPB au Brésil. Pour être bien précis, je me demande souvent comment dans un même degré les guitarristes font un enchaînement riche d’accords différents. Est-ce que vous pouvez m’aider?
    merci à l’anvance.

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