jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

Wood Notes Wild

Le révérend Simeon Pease Cheney est le premier compositeur moderne à avoir noté tous les chants des oiseaux qu’il avait entendus, au cours de son ministère, venir pépier dans le jardin de sa cure, au cours des années 1860-1880. Il nota jusqu’aux gouttes de l’arrivée d’eau mal fermée dans l’arrosoir sur le pavé de sa cour.
Il transcrivit jusqu’au son particulier que faisait le portemanteau du corridor quand le vent s’engouffrait dans les trench-coats et les pèlerines l’hiver.
J’ai été ensorcelé par cet étrange presbytère tout à coup devenu sonore, et je me suis mis à être heureux dans ce jardin obsédé par l’amour que cet homme portait à sa femme disparue.

Pascal Quignard (2017). Dans ce jardin qu'on aimait , Grasset

le jeu sur une corde

Le fait de ne jouer que sur une seule corde constitue un exercice à handicap

En limitant notre liberté de la sorte, on se libère. La contrainte, loin de constituer un exercice gratuit, permet de découvrir de nouveaux espaces. Par exemple, il n’y a rien de pire pour un compositeur que la liberté totale (qui n’existe pas de toute façon).

Voici quelques exemples pour illustrer mon propos : prenez une feuille de papier, choisissez une tonalité, le nombre de mesures, une cellule rythmique de base de une, deux mesures, peu importe; choisissez un style de musique, un tempo, écrivez les accords, la durée du morceau…, tout ça avant même d’avoir écrit une seule note de musique ! Plus il y a de contraintes, plus la compo sera facile à terminer ! Quand tout est prêt, jouez votre nouvelle compo, et changez ce qui ne vous plaît pas. (si vous avez un séquenceur, ça sera plus pratique).

Autres exemples

  • faites une impro en n’utilisant que votre index
  • N’utilisez que la grosse et la petite cordes
  • Improvisez tout un solo avec le même rythme (exemple une blanche et 2 noires).

Tous ces exemples ne sont pas gratuits, et la vraie question est toujours : que puis-je faire dans ces conditions ? Que puis-je en retirer et apprendre ?
Restez sur une seule corde aussi longtemps qu’il vous plaira car toutes les notes que vous avez cherché et que vous chercherez toute votre vie y sont ! (je rédigerais un prochain article sur ce concept).

Pour finir, voici quelques exemples tirés de morceaux connus :

Tubular Bellstubulars bells 2

Tubular Bells (Mike Oldfield)

peacemaker die

Peacemaker Die (Extreme)

(répéter, puis faire la même chose sur la deuxième corde)

Highway Star (Deep Purple)

chaque pattern est répété 8 fois

-5-6-8-8 :||: 6-8-10-10 :||: 8-10 -12-12 :||: 17--0-0-15-14-0-0- 14-13-0-0-13-12-0-0-12-11- 0-0-11-10-0-0-10-9-0-0-9-8- 0-0

J’aurais pu aussi mettre des arpèges en tapping sur une seule corde, certaines rythmique de « trash » très rapides (souvent des power-chords déplacés sur un même groupe de cordes, donc assez riches rythmiquement).

7 réponses

  1. Salut et tous mes voeux JACK. Je me régale à lire tes commentaires même si je ne comprends pas tout. Bon, voilà, il y a un an j’ai commencé la guitare classique avec des tas de doutes sur mes capacités vu également mon âge – 58 – ( plutôt pathétique et sans fondement, je m’en aperçois aujourd’hui). Tu m’avais si bien et si sincèrement encouragé que je me suis accroché. Du coup, les barrés si difficiles, l’enchainement des accords et qq rythmes basiques, çà le fait après moultes efforts et régularité.

    J’ai toutefois du mal à attaquer une 2e phase et je ne sais pas vers quel type d’apprentissage m’orienter. En fait nos cours sont donnés par des amis bénévoles qui ne possèdent pas tj une bonne pédagogie et j’aimerais pouvoir formuler une demande précise quant à mes besoins.

    Peux-tu me conseiller? Merci d’avance.

    1. Merci Daniel et reçois en retour mes meilleurs vœux pour la nouvelle année !

      Quand tu dis que tu joues de la guitare classique, veux-tu dire que tu joues sur une guitare classique ou que tu travailles le répertoire classique ?
      Après c’est vraiment difficle de donner des conseils sans savoir à qui on a affaire… Mais si je reste dans les généralités, je dirais que pour avancer il faut un but.
      Evident non ? Alors, je te retourne la question : quel est ton but ?

      A suivre

      Jack

  2. Puisque tu es dans la métaphore artistique, je pense que l’éducation musicale (ou l’apprentissage) est vraiment différente de l’enseignement artistique tel qu’il est prodigué dans les écoles des Beaux-Arts aujourd’hui. Dans l’apprentissage de la musique, on cherche à former des interprètes, avec une bonne technique, qui déchiffrent bien, et qui interprèteront une œuvre écrite par un compositeur (c’est un très lourd travail que je ne cherche pas à minimiser ici). C’est le même principe pour les autodidactes de la musique populaire, ils apprennent à jouer des morceaux, à reproduire note pour note les solos (avec le son) de leurs idoles. Ce principe, je l’ai aussi utilisé pour mes élèves dans mes cours, il est très formateur mais il peut aussi nous enfermer dans une méthode qui ne sera jamais sublimée dans un rendu artistique. Souvent, les élèves que j’ai eus en cours n’avaient aucun autre propos que de jouer du Clapton, du Django Reinhardt, du Brassens etc. Et c’est là la différence fondamentale avec les Beaux-Arts. On ne fait pas de Picasso aux Beaux-Arts. Ni de Van Gogh, ni de Richter etc. Le cubisme n’est pas réduit à une technique (comme le tapping), la méthode qui a présidé à l’élaboration d’une œuvre disparaît entièrement dans sa réalisation. On ne prend pas de cours de Picasso mais des cours de peinture… La peinture est le médium pour exprimer nos désirs, pour communiquer quelque chose aux autres, par pour transformer en cliché ce qui a été l’expression authentique d’un artiste. A partir du moment où Hendrix a existé, on ne devrait plus jamais faire de Hendrix comme lui…
    Donc mon conseil en réponse à ta question : FAIRE DE LA MUSIQUE !
    C’est un peu mon credo sur ce site et tous les articles que je publie sont faits avec ce souci en tête.
    La musique avant la guitare ! S’exprimer à travers la musique et son vecteur (pour nous) : la guitare.
    Léonard de Vinci disait : la pittura è cosa mentale, dont l’objet est de montrer l’homme et les intentions de son âme. Je dirais bien la même chose de la guitare : « la guitarra è cosa mentale ».

    Jack

    1. tu c’est que tu me plais quand tu parles comme ça jack ^^ c’est de cette manière que je vois l’art et la guitare ne fait pas exception, en tant qu’autodidacte je ne voulais jamais apprendre à jouer des morceaux déja joué, je voulais tjs faire mes propre création, bien sur j’écoutais beaucoup de musique mais à un moment seul tu rend bien compte que si ces différent artiste sont tes prof faut bien que tu travail avec eu d’une manière ou d’une autre et faut bien aquérir tes outils de travail pour tes propre création mais si je devais faire que de l’interpretation j’areterais de suite la guitare ce que je veux comme dans d’autre domaine artistique c’est m’exprimer

  3. Je me permets de te tutoyer. Après tout, Dieu, on le tutoie !

    Tu portes la parole de Mick Godrick (dont j’ai la « méthode » « Advanced Guitarist »), ça montre à quel point tu as du goût : c’est d’une telle évidence que c’est à se demander pourquoi presque personne ne passe par cette étape pourtant fondamentale, cruciale et élémentaire…

    Ton site est une leçon de clarté, de cohérence et d’intelligence. Une vraie bouffée d’air frais. Dans mes favoris, illico :)

    « Compote » m’a laissé sur « le bas du dos », un superbe morceau d’une grande clarté et « lisible » malgré sa complexité. Ca montre à quel point tu maitrises ton sujet.

    Deux questions pour finir :
    – Comme tu es très « éclairé », quelle astuce aurais-tu pour sortir des ornières creusées par 5 ans de pratique de guitare autodidacte basée sur des plans pentatoniques ?
    – Connais-tu des cadences typiques au mineur qui me permettraient de bosser efficacement la gamme mineure harmonique et mélodique ?

    Bonne continuation en tout cas et encore merci !

    1. bonjour,

      et merci de ces éloges, je reste sans voix ;-) Mais ça fait quand même toujours beaucoup plaisir ces petits moments où on est en phase avec un autre humain.

      Concernant tes questions, pour moi, il en va de la gamme pentatonique mineure comme de la gamme mineure mélodique ou tout autre gamme. Ce ne sont que de gammes. Si la gamme pentatonique mineure est l’expression authentique de la personnalité d’un musicien, comme chez Hendrix par exemple, il trouve en elle la plus grande liberté qui puisse exister. Au contraire, si elle est utilisée en tant que gamme pour remplir sur des suites d’accords, pour faire des solos sans âme au kilomètre (pas de noms), pour passer des plans rebattus etc., ça ne m’intéresse plus.
      Quand tu dis « sortir des ornières creusées par 5 ans de pratique« , c’est ton analyse ou ce qu’on t’a dit ? Pourrais-je entendre quelque chose de toi pour vérifier si tu ne te trompes pas de coupable ?

      En réponse à ta deuxième question, je rebondirai, encore et toujours, sur ma première réponse donnée ci-dessus, posons d’abord le problème d’un point de vue musical :

      • la gamme mineure harmonique est une construction artificielle dans l’histoire de la musique. Je dirais même qu’elle n’existe pas ! En effet, aucun morceau, dans le répertoire classique (à ma connaissance) n’est construit sur cette gamme. Cette gamme est née de la nécessité de retrouver la cadence V7 -> I du majeur, en haussant le VII de la gamme mineure naturelle relative.
      • Idem pour la gamme mineure mélodique, elle a été inventée pour incorporer les degrés VI et VII haussés (avec résolution sur la tonique) de la gamme mineure naturelle que les compositeurs de l’époque baroque appréciaient fort (écoute « Bourrée » de Bach par exemple). D’ailleurs, comme tu le sais sans doute, il ne s’agit ici que de la forme ascendante, la forme descendante reprenant les degrés de la gamme mineure naturelle.

      Tout ce blabla pour te dire de ne pas tromper. Si tu veux jouer du jazz modal ou certaines formes de jazz-rock/fusion, tu peux effectivement travailler la gamme mineure harmonique comme on travaille la gamme majeure, cad comme un matériau compositionnel, mais si le but est de faire de la musique « ordinaire » (je ne sais pas ce que tu joues, je ne te connais pas), tu n’auras pas besoin de ces 2 gammes, ton oreille t’indiquera quand hausser la sensible en mineur (si tu chantes, tu dois le faire spontanément sans même le savoir).

      Est-ce que tout ça a un sens pour toi ?

      Comme tu le vois, de simples questions pratiques peuvent engager toute une vie musicale derrière…

      Amitiés

      Jack

      1. Pfiou, trop fort. C’est d’une telle évidence là aussi : un dessinateur inspiré avec un bout de fusain sera toujours plus intéressant qu’un peintre sans imagination et 454621 tubes de gouache…
        Mon problème est un peu là : j’ai un peu de gouache sur ma palette (je t’ai envoyé un lien FTP pour écouter une de mes compos) mais plus l’inspiration du dessinateur au fusain, je fais comment dites docteur ?

        Après promis, je ne te harcèle plus !!!

        Merci pour ta réponse, Jack.

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