jackguitar

la guitare éclectrique de Jacques Vannet

Jack a dit...

La musique c’est de la mécanique !

Telle qu'on la pratique (et surtout telle qu'on l'enseigne), la musique est en somme une expérience de laboratoire, la théorie figurée de ce que la technique et la mécanique modernes réalisent sur une plus vaste échelle. Les machines les plus compliquées et les symphonies de Beethoven se meuvent d'après les mêmes lois, progressent arithmétiquement, elles sont régies par un besoin de symétrie qui décompose leurs mouvements en une série de mesures minuscules, infimes, et qui se font pendant. La basse chiffrée correspond à tel engrenage qui, infiniment répété, déclenche avec le minimum d'effort (d'usure) le maximum d'esthétique (de force utilisable). Le résultat en est la construction d'un monde paradoxal, artificiel, conventionnel, que la raison peut démonter et remonter à loisir (parallélisme dynamique : un savant physicien viennois ne s'est-il pas donné la peine de tracer toutes les figures géométriques que projette la Ve symphonie et, tout récemment, un savantasse anglais n'a-t-il pas traduit , en vibrations colorées, les vibrations sonores de cette même symphonie ?)

Blaise Cendrars (1925). Moravagine

Christian Marclay

Un artiste que j’aime beaucoup, Christian Marclay, interroge tous les aspects de la musique d’aujourd’hui à travers ses photographies et son travail de plasticien.

« La musique est un matériau. La technologie l’a transformée en objet, et une grande partie de mon travail porte sur cet objet autant que sur la musique. […] On ne pense pas nécessairement à la musique en tant que réalité tangible, mais elle a des manifestations tangibles. Ce peut être aussi une illustration, un tableau, un dessin »

Christian Marclay, entretien avec Brice Curiger, exposition Arranged and Conducted by Christian Marclay, 5 septembre-26 octobre 1997

Musique sans musique…

Ce que je voudrais vous présenter ici c’est le travail photographique de Marclay et vous montrer comment on peut suggérer la musique à travers la photo. J’espère ainsi stimuler votre créativité et vous encourager à explorer de nouvelles voies moins courantes.

Hé oui, dans une expo de Christian Marclay, toutes les pièces présentées parlent de musique mais bien peu sont sonores ! Pourtant, je trouve ses pièces toujours très musicales, ce qui peut apparaître comme paradoxal. Ses pièces sont évocatrices de musique (Shuffle par exemple).

Tout d’abord, il y a chez Marclay un côté Fluxus et Punk (une grande influence pour lui) où chacun peut être musicien. Comme il ne joue pas de guitare (il dit qu’il n’est pas musicien), il a créé une sorte de guitare lui permettant de scratcher des disques : le Phonoguitar ! Cette invention lui permet de faire du hair-guitar en 1979 ! Il en même a tiré une pièce Ghost (I don’t live today) en hommage à Hendrix.

« La musique est une expérience populaire, à laquelle tous peuvent communier. Elle est beaucoup plus populaire que la peinture »

entretien avec Brice Curiger

Christian Marclay - footsteps

En 1987, il remplit le sol d’une pièce avec des disques vinyles que les visiteurs sont invités à piétiner (pièce renouvelée quelques années plus tard avec 14000 CDs…). Et que peut-on entendre sur ces disques ? Hé bien des bruits de pas…

Les disques ainsi rayés et abimés par les pas des visiteurs, seront vendus, portant en eux-mêmes la trace des pas qui les ont foulés.

Footsteps, 1989

 

 

 

 

 

 

Christian Marclay - The Beatles J’aime aussi beaucoup sa pièce The Beatles, constituée d’un oreiller fabriqué avec la bande magnétique des cassettes audio des enregistrements de toutes les chansons du quatuor de Liverpool. Ce genre de pièce évoquera sans doute pour chacun d’entre nous des images différentes et des sensations singulières. Une pièce artistique (de « qualité ») n’offre jamais qu’une seule lecture.

Christian Marclay développe aisni des pièces où la sculpture naît du son…

The Beatles, 1989

 

 

 

 

 

 

 

the sounds of silence Il travaille aussi avec du matériel trouvé ou recyclé : photographies, disques, appareils téléphoniques hors d’usage, enceintes acoustiques, pochettes d’albums, etc.

Ici, une photographie encadrée d’un disque de Simon & Garfunkel dont le titre paradoxal faisait référence au bruit que peut faire le silence parfois. Ici, le disque est condamné au silence par la photographie, une belle mise en abyme à la Magritte : ceci n’est pas un disque…

The Sounds of Silence, 1988

 

 

 

Pour prolonger

Voilà, nois n’avons fait qu’effleurer le travail foisonnant de Christian Marclay. Je trouve toujours ses pièces très lisibles, simples (mais pas simplistes), autorisant de multiples lectures. J’espère vous avoir donné envie.

Ailleurs sur le web : Une très bonne analyse sur le travail de Marclay

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